Intervention du président Charles Michel suite au Conseil européen extraordinaire sur l’Ukraine

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Nous avons eu ce soir un débat long, un débat substantiel. Un débat grave également parce que nous nous sommes réveillés ce matin sur le continent européen avec un monde différent, un monde dans lequel l’ordre fondé sur des règles est ébranlé, est agressé de manière extrêmement douloureuse.

C’était l’occasion pour nous d’affirmer la condamnation ferme de cette agression militaire, de cette guerre qui a été déclenchée en abusant et en usant de faux prétextes et de mauvaises excuses.

Nous avons aussi eu l’occasion, une fois encore, d’affirmer l’unité. L’unité de l’Union européenne, l’unité des États membres, l’unité avec nos partenaires, avec nos alliés, avec nos amis partout dans le monde pour défendre la loi internationale, pour défendre cet ordre fondé sur des règles qui offre le plus de garanties pour la paix, pour la sécurité et pour la stabilité.

Le deuxième point, c’est la décision politique qui a été prise d’enclencher un paquet additionnel de sanctions massives et douloureuses à l’égard du régime russe. Nous avons eu l’occasion, avec l’ensemble des collègues, de réaffirmer cette fermeté, et cela en lien avec nos partenaires et avec nos alliés. Il appartiendra au Conseil de l’Union de mettre en œuvre juridiquement les orientations politiques qui ont été arrêtées ce soir. Nous avons aussi évoqué la question du support pour le peuple ukrainien, pour l’Ukraine, la manière de mobiliser à la fois des capacités de financement et du soutien humanitaire.

Nous avons aussi eu l’occasion d’entendre une adresse par le président ukrainien à l’occasion de ce Conseil européen. Cela a été un moment de gravité, un moment de dignité, un moment de sang-froid également, où avec beaucoup de franchise il nous a fait part du message qu’il voulait nous adresser dans les circonstances extrêmement difficiles et douloureuses que l’on connaît actuellement en Ukraine, et nous voulons souligner et saluer toute la dignité et le courage du peuple ukrainien qui fait face en ce moment même à une situation tragique. Ce sont des femmes, des hommes, des familles qui sont meurtris, qui sont ébranlés, qui sont directement touchés par l’horreur d’une guerre, d’une guerre que l’on espérait tous impossible sur le continent européen il y a encore quelques jours, avec toutes les tentatives diplomatiques qui avaient été mobilisées afin de faire reculer cette menace.

Nous avons eu l’occasion d’aborder aussi un certain nombre d’autres sujets, comme l’importance de mobiliser du soutien au flanc est de l’Union européenne, bien entendu en lien étroit avec l’OTAN. Il y aura un sommet demain, où cette question-là pourra être à nouveau abordée, mais nous préparons également avec les pays les plus directement concernés la solidarité, afin de pouvoir mobiliser les aides humanitaires qui sont nécessaires et aussi les moyens pour faire en sorte que des réfugiés puissent être accueillis de manière digne et de manière convenable.

Enfin, cette situation montre également à quel point le débat qui a été ouvert depuis quelques années maintenant, sur cette ambition de développer une Europe qui soit davantage orientée sur une souveraineté ou une autonomie stratégique, prend sa pleine dimension lorsque l’on est confrontés à ce à quoi nous assistons aujourd’hui.

Deux exemples que je veux illustrer: la nécessité d’être engagés sur le terrain de l’énergie pour réduire nos dépendances, pour augmenter nos capacités d’indépendance stratégique dans ce domaine-là. Nous avons d’ailleurs l’intention – c’était une orientation qui a été prise il y a quelque temps – d’avoir un débat approfondi au mois de mars au Conseil européen qui aura lieu à Bruxelles sur ce sujet, sur la base des propositions établies par la Commission européenne. Ce point a évidemment été abordé ce soir. Et puis, l’importance de continuer à agir pour renforcer les capacités de sécurité, les capacités de défense.  Bien entendu, l’OTAN est la pierre angulaire de notre sécurité. Nous pensons que des alliances fortes sont fondées sur des alliés forts, solides, et c’est aussi le sens de l’ambition que nous avons.

Enfin, un dernier point, la question de l’engagement international. Nous voyons bien qu’il est important de mobiliser la communauté internationale, de mobiliser tous les pays dans le monde qui croient à un ordre fondé sur des règles, qui croient à la loi internationale, qui croient à la Charte des Nations unies, pour garantir la stabilité, la sécurité et le respect les uns des autres. C’est en cela que nous entendons bien être aussi extrêmement engagés pour tenter de progresser afin que l’on puisse veiller à ce que la communauté internationale soit ferme, soit debout, soit mobilisée pour défendre ces principes qui sont des principes extrêmement essentiels à nos yeux. Voilà quelques-uns des éléments que je voulais partager avec vous.

C’est un Conseil européen qui n’était pas un Conseil européen anodin. Ce n’était pas une réunion banale, c’était une réunion où nous mesurions bien la gravité, la conscience de vivre un moment qui, peut-être, représente un tournant et pour lequel il appartiendra à notre génération en Europe, avec nos partenaires partout dans le monde, de faire les bons choix, les choix judicieux, de faire preuve de courage à court terme, mais aussi à moyen et à long terme.